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Publications 2011

Tribune du Monde nov 2011

(présentation tribune du Monde nov 2011)

Les rĂ©centes prises d’otages au Sahel constituent une nouvelle preuve de la prĂ©occupante dĂ©gradation de la sĂ©curitĂ© au Sahel et de l’amorce d’un processus de ce qu’il faut bien appeler une afghanisation de la sous rĂ©gion. Tout comme en Afghanistan, la combinaison des carences des appareils d’Etat et de la dĂ©gradation des Ă©cosystèmes dans un contexte de dĂ©mographie galopante constitue un mĂ©lange explosif. Tout comme en Afghanistan, la rĂ©ponse qui se focalise sur les aspects sĂ©curitaires et oublie la dimension dĂ©veloppement va vite montrer ses limites. EspĂ©rons que l’action de l’aide internationale, dont on voit très bien la nature des programmes qu’elle devrait de toute urgence financer, ne sera pas comme en Afghanistan, tardive, insuffisante et inadaptĂ©e.

Libération : Leçon africaine pour la Grèce
Article de Libération le 08 novembre 2011

Dans cette tribune de Libération je procède à un parallèle qui est frappant entre les plans d’ajustement structurels conduits dans la période des années 80 et 90 dans la zone franc en Afrique et le programme d’ajustement imposé à la Grèce depuis le 27 octobre 2011. Dans les deux cas une grave perte de compétitivité et une mauvaise gouvernance ont provoqué déficits extérieurs, déficits publics, ainsi qu’une dette insoutenable. L’expérience africaine montre que dans un régime de taux de change fixe, une perte de compétitivité de grande ampleur comme aujourd’hui en Grèce, ne peut trouver de solution par des programmes d’ajustement dits « réels » fondés sur la seule austérité budgétaire, des compressions salariales et des remises de dettes partielles. La leçon africaine pour la Grèce est que le plan du 27 octobre ne permettra pas de résoudre la crise Grecque. La solution à cette crise implique soit une annulation plus conséquente de la dette grecque accompagnée de transferts financiers d’une toute autre ampleur en provenance de l’UE, soit la sortie de la Grèce de la zone euro et une dévaluation importante, qui pour réussir, exigera aussi un soutien financier européen. En l’absence de solution, l’expérience africaine fait aussi craindre une polarisation politique en Grèce, dangereuse tant pour l’assainissement de l’économie que pour la démocratie.
 

 

Mondes : Prévenir les conflits et reconstruire, une Gageure ?
Les Cahiers du Quai d’Orsay été 2011(Français)
Les Cahiers du Quai d’Orsay été 2011(Anglais)

Le bilan des efforts de la communauté internationale en matière de prévention des conflits dans les pays du Sud est bien décevant. C’est que derrière chacun de ces conflits on trouve non des bouderies de grands enfants qu’il suffirait de raisonner, mais des crises politiques profondes et des dynamiques terribles qui conduisent à des spirales de violence. On s’aperçoit également que l’introduction du type de démocratie superficielle qui se pratique dans beaucoup de ces pays ne règle rien, et tend au contraire à aggraver les tensions. En parallèle, le bilan que l’on doit tirer de l’échec des efforts de reconstruction en Afghanistan est terrible. On peut donc se demander si incapable d’une part de prévenir les conflits et d’autre part de reconstruire les pays sortant de conflits, la communauté internationale n’est pas condamnée à l’inaction et les pays qui la composent à chacun se barricader chez soi…

En fait une analyse approfondie de l’échec en Afghanistan montre que ce désastre est largement dû à un cumul d’erreurs extrêmement graves commises par la communauté internationale. Celle ci s’est engagée dans ce pays sans tenir compte des enseignements accumulés depuis plus de trente ans en matière de reconstruction post conflit. Il est important pour l’avenir de tirer les enseignements de cet échec pour éviter dans d’autres circonstance de répéter les mêmes erreurs : En particulier le manque d’attention porté à la reconstruction des institutions régaliennes, le manque flagrant de coordination de l’aide, l’inadéquation des objectifs du millénaire pour développement en tant que cadre conceptuel guidant l’action des bailleurs dans ce type de circonstances, les dysfonctionnements provoqués par les modes d’intervention traditionnels de l’aide. On sait bien sur que les obstacles majeurs au succès de la reconstruction sont de nature politiques, mais ils doivent être affronté clairement. En tout état de cause une remise à plat complète des approches et modes d’intervention de l’aide internationale dans ces circonstances s’impose à l’évidence.

 

 

REVUE POLITIQUE ETRANGERE AVRIL 2011 : « Comment sortir de l’ornière les pays faillis ? »
Article Politique Etrangère avril 2011

Dans cet article de la revue Politique Etrangère de l’IFRI consacrée aux Etats fragiles, Serge Michailof procède à une analyse des phénomènes qui conduisent certains pays à s’enfoncer dans des crises dramatiques. Dans des contextes où échec économique et démographie galopante constituent un mélange particulièrement instable, l’accaparement du pouvoir économique et politique par des groupes sans scrupules plonge ces pays dans des spirales d’échec qui s’accompagnent le plus souvent d’un effondrement de l’appareil régalien. Face à ces situations, la communauté internationale qui tente vainement d’intervenir apparaît désemparée, ses modes d’intervention inadaptés, les objectifs qu’elle se fixe et le cadre conceptuel de ses interventions décalés par rapport à l’ampleur des problèmes à résoudre. Les obstacles majeurs sont de nature politique. Pourtant une analyse rigoureuse des échecs passés montre les écueils qu’il faut éviter et ouvre des perspectives pour les interventions futures.

 

 

LIBÉRATION 22 FEVRIER 2011 :« Aider le Sahel pour lutter contre le terrorisme »

Article Sahel FĂ©vrier 2011
Dans cette tribune du quotidien Libération Serge Michailof met en garde contre la rapide dégradation sécuritaire au nord du Sahel et rappelle que comme en Afghanistan, une réponse de nature exclusivement militaire est vouée à l’échec. L’effondrement de l’économie rurale fait que les jeunes ne trouvent pas d’autres perspectives que dans les multiples trafics transsahariens, alors que l’érosion de l’autorité des Etats transforme ces régions en zones de non droit. Or une relance des économies rurales est parfaitement possible et l’aide Française devrait donner l’exemple en ce domaine.

 

 

THE CHALLENGE OF RECONSTRUCTING ‘FAILED’ STATES : what lessons can be learned from the mistakes made by the international aid community in Afghanistan ?

Texte of the presentation given at the Humanitarian Forum, 1 octobre 2010, Annecy, France

While international aid has significantly increased its support for the reconstruction of fragile
countries and “failed” states emerging from severe crises or civil war, we begin today to realize that the disaster in Afghanistan is largely due to mistakes made by the Western coalition, and in particular, to the disorganization of its development support efforts in this country. In this uncompromising article, Serge Michailof undertakes a systematic analysis of international donors’ mistakes in Afghanistan between 2002 and 2010. His purpose is to draw lessons that can be applied more broadly and thus avoid repeating the same mistakes in other contexts.

After reminding the reader that aid efficiency in countries emerging from a crisis is a source of considerable disappointment, and that not only promises and flashy announcements but considerable financial resources are required to rebuild those countries, Serge Michailof next makes a candid analysis of donors’ poor performance in Afghanistan. He emphasizes the lack of a coherent strategy and clear goals to guide their actions. He stresses the fact that ensuring the safety of the people and providing a local administration is critical in these circumstances, although largely forgotten by donors. Since foreign forces cannot fulfill this need indefinitely, building reliable national security forces is essential. He then describes the consequences of the lack of coordination and strategic management of aid, which results in severe inconsistencies in resource allocation, and proposes a new aid model to address such deficiencies. From the Afghan case analysis, he draws general conclusions regarding the principles governing aid coordination in fragile countries and the inadequacy of the millennium development goals as a conceptual framework in such contexts. He stresses the dire consequences of approaches governed by donors’ short-term concerns, which end up establishing a parallel donor-driven administration that can only weaken State institutions. While State building requires founding modern institutions, this issue is paradoxically, neglected by the international aid community, even though this is feasible in difficult contexts as demonstrated by a number of successful achievements in Afghanistan. He then criticizes the superficial formal type of democracy systematically imposed by the international community in such contexts and stresses the need for grassroots democracy. Drawing from this extremely in-depth analysis, he finally makes a series of general recommendations intended for both official development aid institutions and non-government organizations (NGOs) that are currently facing and will continue to face similar challenges in other areas of the world.

 

LE DÉFI DE LA RECONSTRUCTION DES ETATS ‘FAILLIS’ : Quelles leçons tirer des erreurs commises en Afghanistan ?

Texte de la présentation faite le 1 er octobre 2010 lors du Forum Humanitaire organisé à Annecy

Alors que l’aide internationale accroît ses appuis à la reconstruction des pays sortant de crises graves ou de guerres civiles, pays fragiles et pays « faillis », on se rend aujourd’hui compte que le désastre en Afghanistan est pour une bonne part lié aux erreurs commises par la coalition occidentale et en particulier à la grave désorganisation de son effort d’aide au développement dans ce pays. Dans cet article sans complaisance, Serge Michailof, ancien directeur à la Banque Mondiale et ancien directeur exécutif chargé des opérations de l’Agence Française de Développement, aujourd’hui consultant international et maître de
conférence à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, procède à une analyse méthodique des erreurs commises par les donateurs internationaux en Afghanistan de 2002 à 2010, pour en tirer des enseignements de portée plus générale et éviter que les mêmes erreurs ne soient répétées dans d’autres contextes.

Après avoir rappelé que les performances de l’aide internationale dans les pays sortant de crise sont globalement décevantes et que pour reconstruire ces pays il faut d’importantes ressources financières et pas seulement des promesses et des effets d’annonce, Serge Michailof procède ensuite à une analyse sévère de l’absence de stratégie cohérente de l’aide internationale en Afghanistan et du flou des objectifs qui ont déterminé son action. Il rappelle qu’assurer la sécurité des personnes et un minimum de justice et d’administration territoriale est dans ces circonstances la tâche la plus urgente, largement oubliée. Or des forces étrangères ne pouvant durablement répondre à ce besoin, la construction d’institutions de sécurité nationales fiables est prioritaire. Il décrit ensuite les conséquences de l’absence de coordination sérieuse et de pilotage stratégique de l’aide, qui conduit à de graves incohérences dans l’allocation des ressources. Il propose, pour pallier ces déficiences, une nouvelle architecture de l’aide pour répondre à ces situations particulières. Il tire ensuite de l’analyse du cas afghan, des conclusions générales sur l’inadaptation des principes qui gouvernent la coordination de l’aide dans les pays fragiles et sur l’inadéquation du cadre conceptuel offert par les objectifs du millénaire dans ce type de contexte. Il met en évidence les conséquences néfastes d’approches dominées par les préoccupations de court terme des donateurs, aboutissant à la mise en place d’une véritable administration parallèle constituée de structures de projets, système qui concourt à l’affaiblissement des institutions étatiques. Il dénonce le manque d’attention porté par les donateurs à la construction d’institutions modernes permettant la mise en place d’un appareil d’Etat efficace, alors qu’il devrait s’agir de l’une des toutes premières priorités de l’aide. Il décrit par la même occasion des exemples ponctuels qui prouvent, même en Afghanistan, la faisabilité de telles approches. Il rappelle les limites des démocraties formelles superficielles systématiquement imposées par la communauté internationale dans ces contextes, et met l’accent sur l’importance de formes de démocratie à la base. Il tire enfin de cette analyse extrêmement documentée un ensemble de recommandations de portée générale destinées aux institutions d’aide et aux organisations de solidarité internationale qui sont et seront confrontées à des défis analogues dans d’autres régions du monde.